mercredi 6 mars 2019

She wants revenge


      Parfois, vous (je ?) êtes pris par une intense pulsion simultané de coïte et de meurtre. Autrement dit, vous désirez dans le même temps faire l'amour et saigner l’objet de votre amour. Dites pas non, si. Inéluctablement. C'est une pulsion vieille comme le monde, ou en tout cas vieille comme l’art. C'est qu'il doit bien s'agir d'un sentiment universel, inhérent à notre nature, sinon on n’aurait pas le syndrome de Stockholm, pas de romantisme noir, pas de mains libidineuses pendant les films d’horreur, pas de roses rouges qui germent en gerbes sous les dalles funéraires.
     Si ce qui nous est parvenu d’Aristote est vrai, à savoir que l’homme est un animal social, alors j’imagine que notre côté animal nous dit « reproduit toi ! », mais notre part d’Homme nous dit : « brûle tout sur ton passage et chie dans les cendres. »
     Les dispensés de sport (comme dit I Am) appellent ça l’Eros et Thanatos, en référence à… Bah si tu sais t’as qu’à devenir président du monde - Donc en référence à des divinités grecques.

     La question se pose alors en ces termes : pourquoi s'intéresser à des œuvres morbides ? Et en fait, elle s’est posée dès 490 avant J.C, aux prémices de la tragédie, quand le bien nommé Phrynichos le tragique fit jouer sa pièce “La prise de Milet”, rappelant au public un fiasco militaire et un récent massacre. Les spectateurs de l’époque, en larmes, n’ont pas compris l’intérêt qu’on leur rappel un souvenir pénible, des sentiments cruels comme le deuil ou la honte. Pourquoi qu’ils paieraient pour  ça ?
      Du coup, Phrynichos a écopé d’une amende et la pièce a été interdite, faute d’arguments pour justifier l’émotion qu’elle suscitait.

      Avec le temps, le spectateur est devenu gourmand, et cet appétit conduira Oscar Wilde à écrire qu’on “ne paie jamais trop chère une sensation”. Cet appétit de sensation qu’on les hommes, sa satiété s’appelle la catharsis. Nous avons besoin de notre dose d’amour, de peur, de mort, de honte, d’épique, mais virtuellement, pour qu’on n’ait pas à payer les véritables conséquences physiques. Comme d’aller en prison, pour le meurtre, ou de s’attacher, pour l’amour.

            Tout ça pour dire que quand survient cette envie d’absolue, moi, coach de vie autoproclamé, en ce moment j’écoute She Wants Revenge. She Wants Revenge est LA bande-original pour accompagner votre délire cathartique d'amour et de mort. Juste assez pop pour être sexy, juste assez grave pour être macabre. Les baisers sont des morsures, les étreintes des étouffements, le vi poignarde et le vagin pleure. Dark à souhait.
      Je les ai découverts en BO du Nombre 23, qui s’en servait pour accompagner la marche féline de la femme fatale du film.
      A priori, c’est un groupe de rock originaire d’un endroit où on parle l’anglais, mais peut-être que le chanteur a appris la langue à l’école. Il est composé d’un mec (ou d’une femme à la voix particulièrement grave) qui chante, et qui doit probablement aussi jouer de la guitare comme l’exige la tradition du rock, et d’une autre personne à la batterie. Voilà. Sinon, qu’est-ce qu’on dit d’autre dans un article sur un groupe de musique ? Leur notoriété : 8 millions de vues sur Youtube pour leur chanson phare, Tear you appart + trois chansons autour de 2 million. Le reste fait beaucoup, beaucoup moins, donc on peut encore parler de « confidentiel », ou de « derrière les fagots ». Vous pouvez potentiellement être le seul à connaître.
      Voilà mes arguments.
      Et mention spéciale à l'intro hypnotique de "Red flags and long night" qui clignote comme un néon de bordel.

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